Nous vous proposons un reportage sonore et visuel réalisé par trois citoyens engagés dans les luttes paysannes, partis en été 2008 rencontrer le Mouvement des Sans-Terre (MST) au Brésil.

Par notre voyage, nous souhaitons soutenir les paysans revendiquant le droit à la terre.





samedi 13 septembre 2008

Acampamento Terra Livre da Via Campesina

Nous voici à seulement une centaine de kilomètres de la frontière du Paraguay et de l'Argentine, dans l'état bresilien du Paranà.

Nous decouvrons, près de la commune de Santa Teresa do Oeste, le premier acampamento de la Via Campesina.

Quel en a été le point de départ ?
Une alerte de la Via Campesina (mouvement international de paysans auquel appartiennent le MST et la Confédération Paysanne, entre autres) pour dénoncer la culture et l'expérimentation de cultures OGM (Organisme Génétiquement Modifié) en plein sol.

Face à l'absence de réaction de la part l'Etat brésilien, plusieurs hommes et femmes décident de défendre la biodiversité par leurs propres moyens. Ajoutons que nous sommes dans la zone d'amortissement écologique du Parc National d'Iguaçu.

Ces militants de diverses organisations sociales décident d'occuper cette zone appartenant à la Syngenta, une entreprise multinationale dont le siège social est domicilié en Suisse. Sa principale activité réside dans la recherche et la production de semences OGM.

Après une première occupation sans problème majeur, les paysans sont expulsés et restent devant l'entrée de la propriété, au bord de la route nationale. Une nouvelle occupation est organisée le 21 octobre 2007. Cette fois-ci, les événements prennent une tournure plus dramatique. Quelques heures après le début de l'occupation, une milice armée, employée par la Syngenta, ouvre le feu sur les paysans désarmés et pacifistes. Ils feront deux morts : Queno, un dirigeant local du MST et l'un des pistoleiros (porteur d'armes).

Après reconstitution des faits, la police locale concluera à une balle perdue pour le pistoleiro. Quant à Queno, une première balle dans la jambe et deux dans la poitrine attestent d'un homicide volontaire. De plus, plusieurs paysans sont blessés par balles lors de l'assaut. L'un d'eux ne se relèvera qu'après une longue hospitalisation : de l'avis d'experts du dossier, il s'agissait, d'après la trajectoire de la balle, d'une éxécution sommaire.

Aujourd'hui, les paysans ont dû déserter le terrain de la Syngenta, le procès n'ayant pas tourné en leur faveur.
Ils se sont installés sur une parcelle de l'assentamento voisin, appelé Olga Benario en hommage à cette révolutionnaire de l'histoire du Brésil.
Ils construisent leur vie dans cette région, en attendant la désappropriation du terrain de la Syngenta par l'état du Paranà ou un autre assentamento où s'installer.









Outre le fait d'accorder à ces paysans un espace pour vivre, l'assentamento Olga Benario développe une activité agricole variée d'élevage et de cultures agroécologiques.




L'acampamento rassemble environ dix familles qui ne manquent pas d'imagination pour occuper leur temps de manière ludique.



Le site du Parc National à proximité réserve parmi ses trésors les impressionnantes chutes d'Iguaçu et des merveilles de biodiversité.










Cela fait un mois que vous suivez avec joie et enthousiasme nos articles et nous vous remercions de votre fidelité. Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin, et nous quittons à regret cette terre hospitalière. La prochaine étape de notre travail sera la publication du reportage radiophonique et la révélation des tirages argentiques sur le blog.
N'hésitez pas à nous envoyer vos adresses e-mail pour être tenu au courant :

blacerom@gmail.com

samedi 6 septembre 2008

Assentamento Primeiro do Sul



Sur la route du Parana, nous avons fait étape à Campo do Meio, dans la région sud du Minas Gerais. Comme son nom l'indique, cet assentamento fut le premier de cette région. Depuis douze ans, une trentaine de familles vit des productions de café et de lait.








Dès notre arrivée, plusieurs paysans militant au sein du MST s'intéressent aux motifs de notre voyage. Leur attitude accueillante et curieuse montre l'importance qu'ils accordent aux soutiens extérieurs. De manière engagée et volontaire, ils ont par la suite répondu collectivement à nos nombreuses questions.





Grâce aux aides de divers organismes publics, la collecte du lait se met en route progressivement. Cependant, le café produit ici est vendu depuis plusieurs années. Toutes les familles s'occupent d'environ 6 hectares ; toutefois, pour les périodes de travail les plus harrassantes (la récolte par exemple), l'ouvrage est organisé collectivement.



Nous avons été invité à l'anniversaire de Gilberto. Fête à laquelle tout l'assentamento était convié: une cinquantaine de campanheiros de tous âges était présents pour danser le "forró" et déguster un énorme gâteau.
Il n'y a pas de moments de convivialité sans militantisme: sur la droite, on peut voir Professeur Camilo, vieil ami du MST et candidat aux élections locales.



Alenice et Maria nous ont emmené en expédition à la recherche de macaques.
Finalement, nous avons ramené des souvenirs de paysages paradisiaques et une tripoté de carapatos (tiques)bien enfouies...


Outre le café, la population cultive des avocats, precisons-le sans OGM...ainsi que des oranges, dont les fleurs dégagent un parfum particulièrement envoûtant.







Les beautés que nous offrent les tropiques ne se commentent pas, elles s'apprécient...








dimanche 31 août 2008

Dandara dos Palmares - 2° partie


Après une semaine passée à Dandàra dos Palmares, nous réussissons à nous connecter pour vous donner quelques nouvelles. Nous avons été chaleureusement accueillis et il est temps de vous en dire un peu plus sur le mode de vie des habitants de cet assentamento.



A la suite d'une première visite en 2004, il nous a été permis de suivre l'évolution de la situation juridique ainsi que l'amélioration du quotidien. En effet, d'une promiscuité de tous au bord de la route à la division des lopins particuliers -de plusieurs hectares chacun-, ces paysans Sans Terre ont désormais une terre à cultiver.



Les baraques aux toits de plastique d'hier n'existent plus, elles ont été remplacées par des maisons en briques, reliées au réseau électrique.
Mais la lutte continue car l'objectif premier du MST demeure l'application de la réforme agraire au Brésil.
Chacun construit et aménage son espace de vie. Ici, la répartition des parcelles s'est faite en fonction des nombreuses sources d'eau afin que tous disposent d'un puits.
Celui-ci est équipé d'une pompe qui alimente la maison.



Les maisons sont entourées des espaces de culture et d'élevage utilisés par le paysan. Sur son lopin, il définit librement ses productions.




Beaucoup se sont bâtis un abri de fortune temporaire avant d'habiter leur maison définitive. Elle est le plus souvent en cours de construction, avec la participation de toute la famille.
Nous avons été accueillis chez Neli, Orlando, leurs deux filles et les trois petits-enfants.







Ils habitent dans un espace restreint (3-4 pièces), mais cela ne semble pas leur poser trop de problèmes. Ils travaillent ardemment à l'élévation des murs de leur future maison :



Les enfants et jeunes des 21 familles de Dandàra sont inscrits à l'école publique d'Emburra. Leurs uniformes complets, matériels scolaires et transports en commun sont pris en charge par l'Etat de Rio de Janeiro.


Tous ces aménagements contribuent à l'amélioration de l'espace rural : dans le respect des normes imposées par le gouvernement, le MST conserve 20% du territoire de l'exploitation en espace naturel protégé.

mercredi 27 août 2008

Dandàra dos Palmares



Ah, Dandàra, quel plaisir d'être là!
Et pas le temps de s'ennuyer : de là, la vue est magnifique et les opportunités variées.

Voici une vue de la maison oú nous logeons, la nuit se passe dans le hamac, sur la terrasse...









Par le chemin au sable rouge qui sort de l'assentamento (photo ci-dessous), nous avons participé à une récolte d'abacaxi (ananas).














































On vous laisse vous délecter de ces clichés tropicaux, de ce fruit si doux et sucré, à la saveur si suave comparée aux ananas que nous mangeons en France, que bom!









Des ouvriers sont venus à l'occasion de la récolte, ils étaient cinq à travailler pour ramasser quelques 8000 ananas, tous seront vendus plus tard sur le marché de Rio de Janeiro.




Nous avons trouvé de jolis vues de la nature environnante, comme ce magnifique ananas dans l'expectative d'une ondée bienfaisante...














Les manguiers nous montrent leurs plus belles
fleurs, en attendant les fruits qui viendront seulement vers le mois de novembre.
















Pour terminer, petite image afin de vous prouver qu'il n'y a pas que les paysans du MST qui travaillent au Brésil...